Jean Vigo

Jean Vigo est le fils de l'anarchiste Miguel Almereyda, de son vrai nom Eugène Bonaventure Vigo. Ce dernier est retrouvé mort dans sa cellule en 1917 « suicidé ». Jean Vigo, très touché par cet événement, est certain que son père a été assassiné. Accusé d'être le fils d'un traître, Vigo change de nom.

Solitaire, rêveur, révolté, Vigo se lance corps et âme dans le septième art, en 1928. Malgré des crises chroniques de tuberculose, il réalise son premier court métrage, A propos de Nice en 1929, puis Taris ou la natation, en 1931. Pendant l'hiver 1932-1933, Jean Vigo réalise, un moyen métrage, Zéro de conduite. Un an plus tard, Vigo réalise son premier, et dernier, long métrage L'Atalante. Considérés comme anti-patriotiques, ses films sont censurés par le gouvernement français Ils se révèlent au public après la guerre. Jean Vigo initie le réalisme poétique par sa façon de filmer les hommes, luttant contre l'injustice sociale.

Jean Vigo meurt à Paris de septicémie le 5 octobre 1934 à l’âge de 29 ans. Il est enterré au Cimetière parisien de Bagneux.

Pour mémoire : Jean Vigo, victime de la censure de son vivant, a été redécouvert après la guerre grâce aux ciné-clubs, à Henri Langlois, à la Nouvelle Vague, à son premier biographe, le Brésilen P-E Salles Gomes (créateur de la Cinémathèque de Sao Paulo). Son œuvre est éditée en vidéo.


 Voici ce qu’il écrivait le 14 juin 1931

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 « Il ne s'agit pas aujourd'hui de révéler le cinéma social, pas plus que de l'étouffer en une formule, mais de s'efforcer d'éveiller en vous le besoin latent de voir plus souvent de bons films (que nos faiseurs de films me pardonnent ce pléonasme) traitant de la société et de ses rapports avec les individus et les choses. Car voyez-vous, le cinéma souffre davantage d'un vice de pensée que d'une absence totale de pensée....

...Mais je désirerais vous entretenir d'un cinéma social plus défini, et dont je suis plus près : du documentaire social ou plus exactement du point de vue documenté. Dans ce domaine à prospecter, j'affirme que l'appareil de prise de vues est roi...

Je ne sais si le résultat sera une oeuvre d'art, mais ce dont je suis sûr, c'est qu'il sera du cinéma. Du cinéma, en ce sens qu'aucun art, aucune science ne peut remplir son office...

...Et le but sera atteint si l'on parvient à révéler la raison cachée d'un geste, à extraire d'une personne banale et de hasard, sa beauté intérieure ou sa caricature, si l'on parvient à révéler l'esprit d'une collectivité d'après une de ses manifestations purement physiques.

Et cela avec une force telle, que désormais le monde qu'autrefois nous côtoyions avec indifférence, s'offre à nous malgré lui au delà de ses apparences. Ce documentaire social devra nous dessiller les yeux.

A PROPOS DE NICE n'est qu'un modeste brouillon pour un tel cinéma. Dans ce film, par le truchement d'une ville dont les manifestations sont significatives, on assiste au procès d'un certain monde. En effet, sitôt indiqués, l'atmosphère de Nice et l'esprit de la vie que l'on mène là-bas - et ailleurs hélas ! - le film tend à la généralisation de grossières réjouissances placées sous le signe du grotesque, de la chair et de la mort, et qui sont les derniers soubresauts d'une société qui s'oublie jusqu'à vous donner la nausée et vous faire le complice d'une solution révolutionnaire. »

 Parmi les premiers spectateurs se trouve François Truffaut qui dit lui devoir son regard.

 « J'ai eu le bonheur de découvrir les films de Jean Vigo en une seule séance, un samedi après-midi de 1946, au Sèvres-Pathé, grâce au Ciné-club de la chambre noire animé par André Bazin... J'ignorais en entrant dans la salle jusqu'au nom de Jean Vigo mais je fus pris aussitôt d'une admiration éperdue pour cette oeuvre dont la totalité n'atteint pas deux cents minutes de projection ». François Truffaut

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  • Dernière modification le mercredi, 11 février 2015 13:56
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